Hemmi, l’artiste
En
marge du festival des cultures oasiennes dans sa version 8, nous avons
interviewé, parmi d’autres artistes, Hemmi qui a accompagné le chanteur Bachir
Oulhaj dans ses prestations. Nous passerons prochainement d’autres interviews
avec d’autres artistes !
F-News : Hemmi, vous êtes venus de très loin car vous
habitez tout près de chez nous pour accompagner votre compatriote Bachir Oulhaj
lors de ses prestations à Figuig. Merci de nous avoir enchantés par votre
instrument et merci aussi d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Notre
toute première question est sur votre prénom !
Hemmi : C’est comme partout dans les ksour des deux côtés
de la frontière algéromarocaine, comme à Figuig d’ailleurs, Hemmi c’est Mhemmed
ou Mohammed pour les intimes ou entre intimes (amis, parents…) !
Hemmi pour les amis, une
photo avec des amis de Figuig
F-News : Très bien, nous allons nous tutoyer, Hemmi c’est
pour les intimes ! Hemmi, quelle a été votre toute première impression en
arrivant à Figuig ?
Hemmi : Walleh, je ne sais pas quoi dire ! Nous avons fait
un très très long voyage pour nous trouver avec des gens qui nous ressemblent
en tout ! Je n’imaginais pas que nous allions nous entendre au premier contact
et converser aisément sans barrière culturelle ni linguistique ! J’ai vu
jusqu’à quel point nous ne constituons qu’un seul et même peuple ! Je suis très
impressionné ! Je me croyais chez moi ! Je ne fais aucun effort pour comprendre
les gens, la compréhension entre nous est très aisée !
F-News : Tant d’émotions ?
Hemmi : Welleh, je me sens comme si j’étais en Algérie. Je
ne sens pas être dans un autre pays ! Imagine ! nous avons fait
Boussemghoun-Méchria-Oran (par route), Oran-Casa-Oujda (par avion) et
Oujda-Figuig (par route). Au lieu de faire 200 km, nous avons fait un
énorme détour : des milliers de kilomètres ! Et miracle ! nous avons trouvé des
gens qui nous ressemblent en tout ! C’est très impressionnant, nous parlons
avec des gens sans un moindre effort. Bachir a commencé à parler avec les gens
dès qu’il a foulé le sol de Figuig et tout le monde le comprenait ! La communication
avec les gens passait parfaitement ! Il riait avec les gens sans difficulté. Tu
vois, nous ne sommes qu’un seul et même peuple
J’ai failli abandonner mon
instrument à un moment : l’émotion était très forte
F-News : On t’a vu sur scène derrière ton instrument et tes
réactions disaient beaucoup !
Hemmi : Oui beaucoup, je n’ai pas les mots pour décrire mes
émotions mais il faut dire que j’étais très emporté par une vague ou une onde
électrique d’une grande intensité et j’ai failli abandonner mon instrument :
l’émotion était très grande ! Je suis vraiment inondé d’émotion par le public
figuiguien que je salue très fort !
Bachir Oulhaj, le chanteur
(ayettoum g iri)
F-News : Hemmi et Bachir, comment est-ce possible des gens
de générations différentes qui travaillent ensemble en synergie allons-nous
dire ?
Hemmi : Le contact avec Bachir ? Moi, je me rends souvent à
Boussemghoun et c’est là que nous nous sommes connus ! Lui, il jouait depuis
très longtemps la musique et il a composé des chansons de très grande qualité.
A Boussemghoun, comme je jouais bien mon instrument, Bachir m’a proposé un jour
de retravailler ensemble la chanson « a Bousseghoun » qui était déjà très
diffusée par la télévision et les médias algériens. Nous l’avons un peu
modernisée par des arrangements et des instruments modernes pour attirer la
jeunesse et lui donner une certaine dynamique. Ceci a beaucoup plu aux gens et
les médias l’ont reprise. C’était ainsi notre départ.
Ali Haddad et Kari Gagou
avec Hemmi pour accompagner Bachir Oulhaj
Hemmi : Ô, Bachir ! C’est un grand homme, un vrai artiste !
Ce festival nous a ramené ici et par la réaction du public, nous avons compris
que notre travail est bien mené et Bachir un artiste reconnu du public de
Figuig comme de celui de Boussemghoun et de plusieurs régions algériennes !
Bachir, Kari et Hemmi (de
gauche à droite)
F-News : Vous étiez satisfaits ?
Hemmi : Le public était très satisfait et c’est peut-être
un signe que notre travail était bon. Tu sais un artiste n’est jamais
satisfait, il veut toujours mieux ! Pour avancer, il faut toujours faire mieux.
Bien entendu selon les moyens !
F-News : Votre travail a été fait dans les éditions ?
Hemmi : Non ! En studio, le mien. Nous l’avons travaillé
chez moi à la maison !
Qui est Hemmi ?
F-News : Une question qu’on devait poser au début : qui est
Hemmi ?
Hemmi : Je suis né un mois de juin à Méchria. Mon père est
de Boussemghoun de la famille Mesbah et ma mère de Méchria, de la famille
Fellah.
F-News : Un mot sur tes études ?
Hemmi : J’ai fait mes études à Méchria jusqu’au terminal
(bac), de là je suis allé à Oran où j’ai continué mes recherches en musique.
F-News : Tu joues le même instrument que celui avec lequel
tu nous as enchantés ces soirs de Festival ?
Hemmi : Oui, je jouais et je joue toujours le synthétiseur
mais pas que lui car je joue aussi l’accordéon. A Oran, je jouais dans des
boites de nuit. Je suis revenu vers Mechria, j’ai repris mes études et j’ai
fait des études de droit. J’ai fini mon bac + 3.
Bachir, Mekki et sa chorale
et Hemmi, un souvenir
F-News : Pourquoi des études de droit quand on est « mordu »
par la musique ?
Hemmi : Je voulais faire le français mais cette spécialité
n’existait pas à l’université qui était fraîchement ouverte ! J’ai fait le
droit des affaires ! L’université est nouvellement ouverte dans la Wilaya de
Naama, tout près de chez moi. La musique c’est mon métier et je vis grâce à
elle, là-bas !
F-News : Hemmi a appris la musique à l’école ? Dans un
conservatoire ?
Hemmi : Non, je suis autodidacte ! Je suis né dans une
famille de musiciens : mon père jouait la flûte !
Le festival, un aspect
F-News : Le festival ?
Hemmi : C’est un début, cela nous a ouvert plusieurs
horizons ! Il y aura sûrement d’autres projets ! Nous sommes toujours
disponibles au besoin tout près de chez vous !
Des amitiés nouées
F-News : Un mot peut-être !
Hemmi : Que dire ? Nous sommes des frères au Maroc et en
Algérie et nous n’avons rien à voir avec les conflits qui nous séparent ! Nous
ne sommes qu’un seul et même peuple et nous le resterons ! Nous sommes des
frères et cela dit tout !
Beni Ounif à 2 km ! Hélas, il faut
parcourir des milliers de kilomètres pour y arriver !
F-News : Hemmi, merci infiniment. Nous vous souhaitons
beaucoup de succès dans votre carrière d’artiste et tant de bonheurs à tous nos
frères derrière la frontière !
Hemmi : Merci, pour ma part, je remercie tous les gens de
Figuig et les responsables de ce festival ! Merci à vous !
Propos
recueillis par Hassane B.
Figuignews.com
2014